«ON ME DIT “T'ES JOLIE” MAIS PAS “T'ES BELLE”» : CETTE NOTION DE «MID MEUF» QUI AGITE LE WEB

Décidément les réseaux sociaux ne sont pas que les meilleurs alliés du body positive. Et la dernière tendance qui crée, à juste titre, le débat incite une nouvelle fois à évaluer la beauté selon des critères très subjectifs. Le tout auprès d’un public jeune et donc plus influençable et vulnérable, puisque c’est sur TikTok que le phénomène a pris de l’ampleur. En effet, la Française Lily Rose y a publié une vidéo consacrée à ce qu’elle a intitulé la «mid meuf», comprenez «femme moyenne». Le concept ? Une autoévaluation du physique qui tend à prouver qu’elle n’est «ni belle, ni moche».

La Tiktokeuse donne ainsi sa définition de ce qu’elle considère comme une catégorie à laquelle elle appartient : soit une femme qui est «un 5 ou un 7/10 mais qui n’est pas vilaine». Avant d’ajouter : «Si t’es un 10/10 aucun mec ne te recale» ; ou encore «On me dit “t’es jolie” mais pas “t’es belle”».

D’autres jeunes femmes ont suivi son exemple en publiant des vidéos baptisées «Je suis une “meuf mid” parce que...». Elles y expliquent ainsi pourquoi elles n’appartiennent pas à cette catégorie. Parmi les arguments les plus cités, on retrouve le besoin de mettre des filtres sur les réseaux sociaux pour s’assumer, le fait de «ne pas être waouh» et d’être de celles sur qui on ne se retourne pas dans la rue, celui de ne pas être draguée en soirée ou encore le fait de ne pas voir leurs stories republiées par leurs amis.

À l’image de @Rosiconique, une ancienne candidate de télé-réalité qui souligne «qu’elle ne peut pas voir les défauts sur son visage car ça l’angoisse», «qu’on ne [l’]amène pas en soirée pour [son] physique» ou qu’elle passe son temps à se «comparer aux autres filles même quand [elle est] au top du top». Dans les commentaires, certains l’accusent d’aller à la pêche aux compliments quand d’autres soulignent qu’elle confond beauté et confiance en soi. Plusieurs internautes soulignent en revanche qu’elles se reconnaissent dans ce qu’elle dit.

«Cette trend me complexe encore plus»

Mais surtout certains commentaires soulignent le danger de ce genre de jugement : «Pitié, que ça ne devienne pas une trend parce que, à part complexer d’autres filles, ça ne sert à rien», «Trend archi toxique. La beauté est subjective, arrêtez de vous complexer et de vous refiler des complexes», «encore des expressions pour faire complexer les filles»... En effet, beaucoup lui reprochent de faire cette vidéo alors qu’elle est «jolie» : «Cette trend me complexe encore plus, je me rends compte du niveau attendu», «Donc c’est ça la mid ??? Nous on est quoi alors ?».

Enfin, certaines s’indignent : «Mais je ne comprends pas le concept, pourquoi on devrait se classer dans des cases comme ça là ?», «Pitié les filles en 2024 arrêtons de nous mettre dans les cases sociétales et hiérarchisées que les hommes ont construites» ; ou encore : «Ma chère, tes ex sont des gens toxiques !».

Estime de soi

Dans une deuxième vidéo publiée sur le sujet, l'initiatrice de cette trend s'étonne de l'ampleur qu'a prise sa vidéo. Et se défend d'avoir lancé une tendance sexiste. «On me reproche d'être antiféministe, de classer les femmes selon une certaine catégorie : moche, mid et belle. [...] De base, cela partait du fait que moi je trouve que je suis ça. On ne me l'a pas dit mais on me l'a fait comprendre. C'est mon avis sur moi.» Avant de conclure «Soyons belles, aimons-nous.»

En tout cas, cette tendance montre à nouveau une hiérarchisation de la beauté et l’impact négatif que peuvent avoir les réseaux sociaux quant à la question de l’estime de soi. Car comme nous le rappelait le docteur Fanny Jacq, psychiatre à Paris en 2022, pour beaucoup «si on n'est pas liké, cela veut dire qu'on ne "convient" pas tel que l'on est. Les adolescentes ne se perçoivent qu'à travers le prisme des filtres et cela modifie complètement la perception qu'elles ont d'elles-mêmes, c'est ce qu'on appelle le "syndrome Snapchat". Elles sont en quête d'un idéal qu'elles n'atteindront jamais et cela peut mener à une perte d'estime de soi, à de la dépression ou à des troubles alimentaires.» Sûrement le genre de phénomène qui a encouragé le groupe d’experts mandaté par Emmanuel Macron à recommander dans son rapport dévoilé ce 30 avril de n’ouvrir l’accès aux réseaux sociaux qu’à partir de 18 ans alors qu’aux États-Unis, la Floride a adopté une loi limitant cet accès aux moins de 16 ans il y a un mois.

2024-05-02T14:42:57Z dg43tfdfdgfd